Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de reconnoissance, je lui racontai ingénument, le mieux que je pus, de quelle manière j’avois joint ces deux malheureuses. Il écouta mon récit avec une attention si obligeante, y sembla prendre tant d’intérêt, et me remercia dans des termes si polis, de ce qu’il appeloit ma condescendance, que je rougis presque de lever les yeux sur lui.

Peu après la servante vint me dire que le déjeûné m’attendoit dans la chambre de madame Duval.

Le lord se leva aussi-tôt : « Je crains, dit-il, que ma visite n’ait été trop longue ; mais qui, à ma place, auroit pu être moins indiscret » ? Puis, prenant ma main, et la pressant contre ses lèvres, il ajouta : « Miss Anville me permet-elle de sceller ainsi ma paix » ? Et il se retira.

Généreux mylord Orville ! quelle conduite désintéressée ! quelle délicatesse dans ses procédés ! il cherche à me donner de bons conseils, et il craint en même temps de blesser ma sensibilité ! — Dois-je regretter encore l’aventure de Marybone puisqu’elle m’a valu une visite si agréable ? Eussé-je été mille fois plus humiliée ! eussé-je essuyé des alarmes bien plus vives ! — une telle marque d’estime (car j’ose l’appeler ainsi) de