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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/86

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respectable des hommes parut à la fenêtre, quand je le vis lever ses mains vers le ciel, sans doute pour le remercier de mon heureuse arrivée, ô quelle fut mon émotion ! — J’ouvris moi-même la portière pour voler dans ses bras. Il s’étoit disposé à venir à ma rencontre ; mais à l’instant où je mis les pieds dans la chambre, il retomba dans son fauteuil, poussant un profond soupir ; et prononçant d’un air rayonnant de plaisir ces seules paroles : Je te rends graces, ô mon Dieu !

Dans l’effusion de ma tendresse, je n’eus rien de plus pressé que de m’élancer à ses genoux : je les embrassai, je baisai ses mains, et je les arrosai de mes larmes ; mais je n’eus pas la force de parler. Il me reçut dans ses bras paternels, me pressa sur son cœur, et, la tête appuyée sur mes joues, il eut de la peine à articuler les bénédictions que son ame bienfaisante répandoit sur moi.

Ô miss Mirvan ! chérie de la sorte du meilleur des hommes, ne devrois-je pas être heureuse ? — Devrois-je connoître d’autre désir que celui de mériter ses bontés ? — N’allez pas croire cependant que je sois ingrate ; non, je ne le suis point, quoique l’état actuel de mon es-