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Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/576

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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

No III. — DES MOTS PURÂṆA ET KÂRCHÂPAṆA.
(second mémoire, section ii, page 130.)

Il n’est pas facile d’arriver à une évaluation rigoureuse de la somme énoncée dans notre texte, parce que les valeurs des bases d’après lesquelles il nous est possible de la calculer ne sont pas connues avec toute la précision désirable. D’une part, en effet, ces valeurs ont varié à des époques qui ne sont pas déterminées historiquement ; d’autre part, les auteurs indiens eux-mêmes donnent de ces bases des évaluations très-différentes les unes des autres, et dont on ne peut expliquer la divergence qu’en admettant qu’elles tiennent à ce qu’on a employé diversement le même signe dans des provinces diverses.

Il est cependant possible d’obtenir un résultat approximatif à l’aide des éléments de comparaison que nous fournit le Mémoire de Colebrooke sur les poids et mesures de l’Inde. Il importe en premier lieu de remarquer que le Purâṇa dont il est parlé dans le texte est une monnaie de poids, c’est-à-dire une monnaie appartenante à un système purement indien, et antérieur conséquemment à l’influence qu’a exercée dans l’Inde le système monétaire des Grecs de la Bactriane. Or dans le système auquel appartient le Purâṇa, qui est un poids d’argent, l’unité est le Raktikâ, c’est-à-dire le poids d’une graine rouge de Gundja ou de l’abrus precatorius. W. Jones pesa un très-grand nombre de ces graines, et constata que leur poids moyen égalait 1 grain troy anglais. Mais Colebrooke affirme que le Raktikâ (vulgairement Retti) a dans la pratique une valeur de convention qui passe pour le double du poids de la graine de l’abrus, et qui cependant n’atteint pas tout à fait 2 grains ; c’est approchant (nearly), dit Colebrooke, 2 grains troy anglais[1]. En admettant donc que le Raktikâ égale grains troy, le Machaka d’argent, qui est égal à deux Raktikâs, vaudra 4 grains troy ; et comme il faut 16 de ces Mâchakas pour faire un Purâṇa, ce dernier poids sera exactement égal à 70 grains troy ; d’où nous aurons 35,000 grains troy pour 500 de ces Purâṇas. Enfin, comme le grain troy anglais vaut, d’après les tables de réduction de l’Annuaire du Bureau des longitudes, 0,065 milligrammes français, les 500 Purâṇas vaudront 2,275 milligrammes, soit 455 francs.

On comprend qu’on arriverait à un résultat beaucoup plus élevé, s’il s’agissait d’un poids d’or ; mais l’emploi du mot Purâṇa nous interdit absolument cette

  1. On Indian Weights and Measures, dans Asiat. Researches, t. V, p. 92, éd. in-8°.