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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/108

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fond et pour la forme à des chants âryens dont nous possédons les originaux.

Plusieurs documents antérieurs à Jésus-Christ prouvent que le bouddhisme était connu à cette époque dans l’angle sud-est de la Méditerranée : le Bouddha est nommé par le Juif hellénisant Philon ; la doctrine des Samanai de l’Inde, qui ne sont autres que les Çramanas ou disciples du Bouddha, était célèbre et appréciée dans Alexandrie et dans toutes les parties orientales de l’empire romain. La Bible n’est pas le seul livre étranger dont les savants grecs aient pris connaissance au temps des Ptolémées. La fondation du Musée, suscitée par un professeur célèbre des premiers temps du royaume d’Égypte, par Démétrius de Phalère, avait créé un centre d’études où se déroulaient sans cesse, avec une liberté scientifique que nos écoles ne connaissent pas, les doctrines et souvent les textes sacrés de toutes les religions alors connues. A l’époque où se fondèrent les rites chrétiens dans les réunions souvent clandestines de la primitive église, il y avait quatre ou cinq cents ans que le bouddhisme existait avec sa doctrine complète, ses rites et sa hiérarchie, et que de l’Inde il envoyait des missionnaires dans toutes les directions.

D’un autre côté, il est certain que le Vêda fut connu dans le monde grec avant la venue de Jésus-Christ : il y a, dans les poésies alexandrines publiées sous le nom d’Orphiques, des vers traduits mot à mot de certains hymnes du Vêda ; il y a des noms de divinités qui ne se trouvent que dans ces hymnes et qui n’ont jamais paru dans le vrai panthéon hellénique[1]. Les cérémonies

  1. Aττιν ϰαὶ Mῆνα ϰιϰλήσϰω : Aditi et Ména des hymnes. Le culte de Mên, vers l’époque. de Jésus, était répandu dans tout l’empire ; depuis la Perse et l’Egypte jusqu’à Sunium et Strasbourg, comme le prouvent de nombreuses inscriptions. — Le culte perse de Mithra ne l’était pas moins ; et ainsi de plusieurs autres, particulièrement de celui d’Orphée.