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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/115

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vaient encore le christianisme que comme une application plus complète de la loi de Moïse. Tout le monde connaît la lutte qui s’éleva entre saint Pierre et saint Paul. L’église de Rome était alors constituée comme une synagogue et animée de l’esprit israélite. C’est Luc qui exposa la doctrine de Paul dans cet évangile connu sous le nom d’évangile des Gentils, comme celui de Mathieu était l’évangile des Hébreux. Peu après, les deux grands apôtres Pierre et Paul furent martyrisés ; une menace commune étant suspendue sur les Juifs et sur les chrétiens que l’on confondait dans une même haine, il se produisit parmi les fidèles un apaisement à la faveur duquel fut publié l’évangile de saint Marc, abrégé des deux autres.

Or, le mystère que les apôtres et les docteurs de l’église avaient fait des doctrines du Maître, l’ignorance où le commun des fidèles était retenu, avaient suscité dans l’église naissante des interprétations arbitraires en désaccord avec la doctrine du secret : elles devinrent assez puissantes pour que ceux qui conservaient les dernières formules cachées se crussent obligés de les divulguer entièrement, afin de rétablir la vraie tradition de Jésus et des apôtres. Ceux-ci étaient tous morts ; on était en plein second siècle. C’est alors que parut la première version de l’évangile de saint Jean, ouvrage rempli d’idées âryennes et qui contrastait avec le sémitisme de l’église de Rome, où probablement il fut publié.

On peut dire qu’à partir de cette époque la manifestation chrétienne fut complète, et que l’enseignement caché n’eut plus de raison d’être. Cependant il est hors de doute que cet enseignement dura quelque temps encore ; un livre ne se répandait pas alors aussi promptement que de nos jours ; les églises comptaient déjà un très-grand nombre d’adhérents dispersés dans pres-