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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/134

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ouvrage sanscrit que dans toute la littérature bouddhique[1].

Remontez plus haut dans le passé. Le Vêda précède le brâhmanisme et lui sert de point d’appui. Or la morale est à peu près étrangère aux hymnes du Vêda. C’est donc dans l’intervalle compris entre la période vêdique, longue de plusieurs siècles, et l’établissement de la constitution brâhmanique, que les Aryas du sud-est ont commencé à tirer de leurs doctrines les conséquences morales dont elles contenaient le germe. Le brâhmanisme, venu plus tard, a fécondé ces données primitives et formulé en quelque sorte les premières pratiques, mais sans jamais perdre de vue la diversité des castes, des aptitudes et des fonctions. Ce fut seulement au cinquième ou au sixième siècle avant Jésus-Christ que les prédications bouddhiques donnèrent à la morale pratique son caractère universel et en firent la loi commune de tous les hommes. Elles poussèrent si loin ce principe qu’elles allèrent jusqu’à annoncer pour un avenir lointain le règne définitif de la morale et du sentiment parmi les hommes. Il existe en effet une prédiction bouddhique relative à la venue d’un bouddha futur qui doit s’appeler Maitrêya, c’est-à-dire Charité.

Pendant que ces faits s’accomplissaient en Orient, les anciens peuples de la race âryenne, Grecs, Latins, Germains, n’étaient pas encore sortis de la période védique et ne subissaient pas les mêmes révolutions morales que ceux de l’Inde. Lorsque nous cherchons à distinguer aujourd’hui la partie morale des religions appelées payennes, nous sommes étonnés d’aboutir à une négation. Il est certain que, chez les Grecs, ce ne fut pas l’enseignement religieux qui donna aux hommes la règle de la vie et leur fit connaître la vertu ; ce fut

  1. Voyez Lois de Manou, traduction de Loiseleur-Deslongchamps.