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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/140

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ont immédiatement précédés, à moins que l’on ne considère l’histoire de l’humanité comme une série interrompue de miracles, ce qui est contraire à la science. La raison humaine, réduite à sa formule la plus simple, par la psychologie moderne, n’est au fond que l’idée de Dieu, c’est-à-dire de l’absolu : seulement, cette idée ne peut parvenir à toute sa clarté que par une suite d’analyses, qui la dégagent peu à peu du milieu où elle est enfermée. Ces analyses ne se font pas en un jour ; elles demandent au contraire beaucoup de temps : chaque philosophe les exécute pour lui-même suivant des méthodes connues ; mais l’humanité met des siècles à réaliser la moindre d’entre elles. A chaque pas qu’elle fait, elle se donne à elle-même une définition de Dieu, plus exacte que celles qui avaient précédé, mais à laquelle elle ne saurait s’élever si celles-ci n’avaient pas été données auparavant.

Celui qui n’admet pas ce principe d’expérience ne peut rien comprendre à l’histoire des religions : car elles sont soumises, comme toutes choses ici-bas, à la loi de la succession et de l’enchaînement. Une découverte ne peut avoir lieu que si elle succède à une découverte antérieure, à laquelle elle se trouve liée comme le foyer enflammé à l’étincelle qui l’a fait naître. L’idée de Dieu marche à travers les siècles, toujours identique au fond, mais recevant dans son expression des rectifications toujours nouvelles. Les dieux des hymnes védiques ne répondent plus à l’idée que nous avons de Dieu, quoiqu’ils aient été adorés pendant bien des siècles et que les poètes d’alors les considérassent comme supérieurs à ceux qu’on adorait avant eux. Le dieu matériel des premiers chapitres de la Genèse n’a presque rien de commun avec le dieu des chrétiens, qui est un esprit pur et parfait. Cependant les plus savants métaphysiciens de l’Orient reconnaissent le Véda comme le