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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/182

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nait pour le Messie ; au temps d’Auguste, l’attente du Méssie était dans tous les cœurs. Les Juifs ne le reconnurent pas dans Jésus. Saint Paul, saint Luc, les Marcionites professaient hautement que le Christ n’était point le Messie des Hébreux, mais le fils du Père céleste, venu pour sauver tous les hommes malgré la Loi. Mais la théorie du Christ fils de Dieu était tout entière dans les Apocryphes d’Alexandrie et de Palestine, et chez les sectes juives issues de l’influence âryenne lors de la Captivité. Elle était sous sa forme idéale dans le Zend-Avesta ; enfin nous venons de la montrer sous sa double forme, matérielle et métaphysique, dans les Hymnes indiens. Or, les auteurs de ces hymnes la donnent comme créée bien longtemps avant eux et symbolisée dans un grand culte national, dont Ribhou, qui est probablement Orphée, est présenté comme l’organisateur. Cette tradition, commune aux Grecs et aux Indiens, nous reporte au temps où les branches du tronc âryen ne s’étaient pas encore séparées et où cette famille vivait dans son unité le long des vallées de l’Oxus. C’est donc là qu’il faut chercher l’origine de la théorie du Christ.

Presque tous les éléments de la légende du Christ se trouvent dans le Vêda, sa double filiation, sa conception miraculeuse, sa naissance avant l’aurore au milieu de faits extraordinaires, son baptême dans les eaux, l’onction sainte d’où il tire son nom, sa science précoce, sa transfiguration, ses miracles, son ascension vers le ciel, où il va rejoindre le Père céleste qui l’avait engendré éternellement pour être le sauveur des hommes.

Nous ne connaissons presque rien de la vie de Jésus ; son nom même nous est inconnu ; puisque Jésus ou sauveur est un surnom qui se donnait depuis deux cents ans et que christ est une qualification qu’il reçut plus tard ; la partie légendaire des évangiles et des autres