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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/191

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solidement retenues avec quatre clous. Au point de jonction était une fossette : là on plaçait la pièce en forme de lance, dont la rotation violente produite par une sorte de flagellation, faisait apparaître Agni.

C’est ce même instrument qui se trouve personnifié dans l’ancienne religion des Grecs sous la figure de Prométhée porteur du feu : le Dieu est étendu en croix sur le Caucase, tandis que l’oiseau céleste, qui est le Çyêna des hymnes, dévore chaque jour son flanc immortel. Le swastika se remarque sur une multitude de vases et d’objets antiques, de Troie, de Rhode, de Chypre, de Grèce, d’Italie, et sur d’autres qui caractérisent la période nommée préhistorique.

Quand Jésus eut été mis à mort par les Juifs, ce vieux symbole âryen lui fut aisément appliqué, et le swastika, élevé sur une hampe, devint la croix hastée des modernes chrétiens.

Le symbole du crucifiement du Christ fut souvent remplacé par l’agneau. Le christianisme avait supprimé l’immolation de cet animal. Comme symbole l’agneau est rarement cité dans l’Église grecque, tandis qu’il est partout dans l’Église latine[1] où il représente le Christ immolé.

Puisque la théorie d’Agni est identique à la théorie du Christ et que les deux légendes se ressemblent de tout point, le symbole de l’agneau a pu devoir sa grande fortune dans l’Église latine à l’identité des deux noms.

Il y a des textes qui par eux mêmes seraient à peu près inintelligibles, comme celui-ci : « Corporis Agni margaritum ingens » (Fortunat, XXV, 3) reproduction d’une formule sanscrite : agni-kâya-mahâ-ratnam, « le grand joyau du corps d’Agni. » Ce joyau principal se plaça,

  1. Le meurtre des agneaux au jour de Pâque est un des usages les plus généraux des populations grecques, comme le courban-beiram des Musulmans.