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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/205

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Ces êtres sont invinsibles, mais on ne peut pas dire s’ils sont corporels ou s’ils ne le sont pas. Leur vertu est d’aller où ils veulent en un clin d’œil, de pénétrer au travers des corps, de se manifester où il leur plait et de n’être arrêtés par aucun obstacle.

Observer les phénomènes et les comparer, dégager les lois abstraites auxquelles ils obéissent et qui en règlent les retours, cela suppose une opération de l’intelligence supérieure à la conception des esprits. Car ceux-ci ne sont que des rêves de l’imagination ; la découverte des lois est basée sur la réalité. Quand l’homme, pour exprimer ces lois, nomme des êtres supérieurs qui les personnifient, quand il représente des abstractions par des figures divines et par un culte approprié, il institue une religion symbolique. Ces dieux sont abstraits et immobiles comme les lois du monde.

Par une autre méthode, au lieu d’observer simplement les faits, l’esprit humain peut leur appliquer l’analyse et découvrir en eux des forces qui les produisent Ces forces, conçues comme vivantes, ont une étendue d’action égale à l’étendue des phénomènes dans l’espace et dans le temps. En un sens elles naissent et meurent avec les phénomènes qu’elles engendrent. En un autre sens elles sont immenses et éternelles parce que les phénomènes se reproduisent partout et sans fin. Les dieux grecs et romains naissaient et mouraient et portaient néanmoins le nom de dieux immortels. Comparées entre elles, les séries de phénomènes se subordonnent les unes aux autres, naissent les unes des autres et sont soumises à des luttes où elles, s’allient et se combattent réciproquement. Les forces divines auxquelles on les attribue sont dans les mêmes relations. C’est pourquoi les dieux forment une hiérarchie et ont entre eux des rapports de filiation, d’action commune ou d’antagonisme, que les interprètes de la religion découvrent