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nitive ; mais le Christ y est tellement assimilé au principe commun de la vie et de la pensée, que dans les Catacombes on voit souvent les âmes des morts appelées des christs, et que, dans l’Évangile selon saint Jean, le Christ est identifié avec la vie, la lumière et la raison. « Je suis, dit-il de lui-même, je suis la voie, la vérité et la vie ».

Le nombre et la variété des hérésies, qui furent le plus souvent les opinions d’églises encore indépendantes les unes des autres, prouvent que la métaphysique chrétienne mit plusieurs siècles à élaborer ses formules et à créer les rites particuliers qui en devaient être la manifestation dans chaque église. Les églises d’Orient ont conservé dans leur métaphysique une forte tendance alexandrine et par conséquent panthéiste, tandis que celle de Rome s’est de plus en plus approchée du sémitisme, qui repose sur la personnalité absolue d’un Dieu séparé du monde. Ce fait doit-il s’expliquer par une différence dans les races ou par des causes particulières et par une réaction de l’organisation politique du clergé romain sur le dogme fondamental ?

Livré à lui-même et soustrait à toute influence étrangère, l’esprit de l’Arya va droit à l’unité absolue de l’être et de la substance : c’est ce qu’ont prouvé les dogmes de la Perse et mieux encore ceux de l’Inde. Mais d’un autre côté les Grecs de l’empire et ceux d’aujourd’hui ne semblent pas être plus âryas que nous et que nos ancêtres ; car il ne reste en Occident que de bien faibles traces des populations antérieures à l’arrivée des Aryas ; et rien ne prouve que ces populations n’occupaient pas autre fois les pays grecs aussi bien que le reste de notre continent : les objets des âges préhistoriques sont les mêmes en Grèce et en Asie qu’en Italie, en France et dans le reste de l’Europe. Il est donc naturel d’admettre la dernière explication.