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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/250

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vêdiques en l’honneur d’Agni sont plus beaux et plus instructifs pour nous.

En effet, la première doctrine naquit des réflexions qui furent faites sur l’extraction du feu, sur les matières dont il s’alimente et sur les effets qu’il produit. La faculté qu’on eut de renouveler chaque jour et de reproduire dans le même ordre tous les phénomènes qu’il engendre, permit de refaire aussi sans cesse les mêmes remarques, de les rendre par des noms expressifs et d’énoncer des formules qui purent être répétées par les fils et passer aux arrière-neveux. Ces formules, sans les phénomènes, prenaient une valeur abstraite et poétique ; mais elles n’avaient un caractère positivement religieux que quand elles étaient prononcées en face du foyer sacré ; sans lui, en effet, elles n’étaient plus qu’un simple souvenir. Au contraire, quand l’homme supérieur, qui dès ces anciens temps portait le nom de prêtre, se trouvait en présence d’Agni caché dans les arani quand par le frottement des deux morceaux de bois il le faisait apparaître, quand il le déposait sur l’herbe sèche et sur les fagots de l’autel, lui donnait l’onction du beurre, l’alimentait de liqueurs spiritueuses et de gâteaux sacrés, le voyait lançant des flammes vers le ciel, illuminant toute la nature et révélant les formes des objets plongés dans la nuit, alors les réflexions se pressaient en foule dans son intelligence, émouvaient son âme, et la forçaient à se répandre en actions de grâces et en chants d’allégresse. Ses paroles, entendues des assistants, portaient la lumière et la conviction dans leurs cœurs ; ils « s’unissaient d’intention » avec le prêtre, et « ne faisaient avec lui qu’une seule pensée » dans plusieurs corps.

Nous extrayons ce tableau et la plupart de ces expressions des hymnes indiens les plus antiques. Les auteurs ne faisaient, comme il le disent, que répéter