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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/278

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mencé qu’à l’arrivée des Européens, qui sont armés d’un principe supérieur de civilisation.

Le christianisme survint en pleine civilisation gréco-romaine. Les principes qu’il apportait, en contradiction avec l’état social et religieux de l’empire, jetaient dans la société un ferment puissant de discorde et des causes de dissolution. Cette société était née et avait grandi dans des croyances dont l’origine était la même que celle du christianisme, puisqu’elles venaient, comme lui, des premiers dogmes âryens ; mais en s’accommodant au reste de la civilisation pélasgique, hellénique et latine, elles avaient formé une sorte d’orthodoxie polythéiste, que la doctrine chrétienne venait contredire. Comme ce problème se présentait en pleine civilisation, une lutte violente était inévitable. Aussi, durant les premiers siècles, les communautés chrétiennes cachaient-elles leur enseignement et leurs rites, afin de les soustraire à une puissance politique qui leur était hostile. Il leur fallut une grande énergie d’action et de volonté, une confiance singulière dans l’avenir, pour soutenir un pareil combat sans autres secours qu’un enseignement encore vague et des rites sans solennité. Il est juste aussi de dire que, dès le commencement, la prédication chrétienne trouva des points d’appui fort utiles chez des hommes riches et influents de l’empire romain ; c’est ce que prouvent l’histoire des persécutions et la qualité des martyrs[1]. Le nombre de ces adhérents de bonne famille alla en croissant ; les communions chrétiennes en étaient remplies, lorsque Constantin adopta la foi nouvelle.

Une lutte toute semblable fut soutenue dans l’Inde par le bouddhisme, réaction sans causes extérieures

  1. Voyez sur ce point la Roma sotterranna de M. de Rossi, et son résumé par M. Allard.