Aller au contenu

Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

égaler celle de la Genèse, si elle ne la surpasse, ouvrent à la science des horizons différents. La cosmogonie de l’Avesta n’est pas non plus la même, et celle d’Hésiode diffère aussi des autres. Il n’y a pas de raisons scientifiques d’adopter l’une plutôt que l’autre ; la science doit les accueillir toutes également, à la condition qu’elles seront scientifiquement interprétées. Les vieux récits mosaïques sont soumis à ses méthodes aussi bien que ceux des Grecs, des Germains, des Perses et des Indiens.

Elle est donc forcée par sa nature de ranger beaucoup de récits mosaïques, notamment ceux que contiennent les premiers chapitres de la Genèse, dans cette grande classe de récits qui portent les noms de symboles, de mythes ou de légendes, récits dont on ne nie pas la vérité, mais dont la forme a besoin d’être ramenée à des expressions plus simples. Or, à ce point de vue, les savants sont d’accord pour limiter la partie historique de la Bible à l’époque de Moïse ou même à celle de David. Au delà de Moïse, il n’y a plus aucun fait qui puisse être scientifiquement accepté et entrer dans l’histoire avec la forme que les récits hébraïques ont adoptée.

Ainsi donc, on ne peut espérer trouver dans la Bible l’origine première des religions. Au moment où Moïse prit en main le gouvernement spirituel de son peuple et fonda la puissante institution religieuse qui dure encore, ce peuple n’était ni sans dieu, ni sans culte. Or, ni Ia légende d’Abraham, ni celle de Noé, ni, à plus forte raison, le mythe d’Abel et Caïn, ou celui du serpent tentateur, ne peuvent rendre compte de la naissance de l’idée de Dieu et du rite primordial chez les Sémites. Les récits génésiaques font évidemment allusion à des temps fort antérieurs à Moïse et même à Abraham ; mais il n’y a rien de précis ni de scientifique