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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/40

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des religions et des cultes : car, ou bien la première ébauche d’une religion remonte à l’apparition de l’homme sur la terre, ou bien elle a été le résultat d’un travail intellectuel prolongé durant des siècles nombreux. Dans l’un comme dans l’autre cas, les commencements nous échappent.

Si la première idée d’un dieu et le premier essai d’un rite remontent aux origines de l’homme, la science demande où sont ces origines.

L’anthropologie ne reconnaît pas plusieurs espèces humaines, mais elle distingue des races, les classe chronologiquement suivant leur perfection physique ou morale. Dans l’ancien continent, les blancs, c’est-à-dire les Aryas, auquels se rattachent les Sémites et probablement les Accads, les Soumirs et une partie des Égyptiens, ont apparu les derniers, et forment les nations religieuses par excellence. Les jaunes étaient venus auparavant : ils avaient déjà conquis ou repoussé les noirs, quand les Aryens du sud-est sont descendus de la Bactriane vers l’Indus par les vallées du Cachemire. Des noirs avaient précédé les jaunes, dont les annales se perdent dans le passé. Faudrait-il croire, ce qui est peu vraisemblable, que les blancs reçurent des peuples jaunes les premières notions religieuses et les éléments du culte, lorsque nous voyons, au contraire, les Chinois à peu près dépourvus de religion avant l’arrivée du bouddhisme indien, et lorsque les poètes du Véda nous disent des populations qu’ils heurtaient de front sur l’Indus qu’elles étaient « sans dieu ? » Si l’on admettait cette hypothèse, que tout contredit et que rien ne confirme, faudrait-il aussi faire des jaunes les héritiers des noirs en religion ?

Ce sont là des suppositions gratuites, ou la science perd ses droits. Il se peut que les vieilles populations humaines aient eu chez elles quelque chose qui ressem-