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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/7

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aujourd’hui dans les écoles ecclésiastiques ; elle s’enseigne dans les écoles brâhmaniques de l’Inde. Un jour viendra où celle des religions y aura sa place à son tour et n’y paraîtra ni moins utile ni moins belle que la science des révolutions du globe. Les guerres stériles ne sont plus de mise : une attaque dirigée contre les forces irrésistibles de la vérité tourne toujours à la confusion de celui qui la tente.

Je voudrais essayez de déterminer la nature et les conditions générales de la science des religions, d’en fixer les limites, d’en tracer le plan et d’en exposer les principaux résultats obtenus jusqu’à ce jour. C’est sur la méthode, sur les principes de cette science, que l’attention doit se porter d’abord.

On peut déterminer à priori les éléments de toute religion : cette méthode fut suivie presque seule par l’éclectisme moderne, quand il avait encore la hardiesse d’une école naissante qui se croit maîtresse de l’avenir. On fut conduite à une doctrine que l’on nomme la religion naturelle ; cette doctrine fut admise par presque tous les disciples de l’école et, dans un temps de lutte, opposée par eux à ce qu’on appelait alors les religions positives. Nous n’avons pas à examiner en ce moment la valeur de cette théorie ; mais les faits ont prouvé qu’elle n’a jamais pu descendre jusqu’à la pratique ni devenir une réalité : la religion naturelle n’est pas sortie des livres et de l’enseignement, et comme on admet en principe qu’elle est essentiellement individuelle et que chacun se la fait à soi-même selon sa propre philosophie, il est impossible de dire si elle a exercé sur la conduite des personnes une influence quelconque. Les clergés européens qui ont combattu cette doctrine comme insuffisante et hors d’état de remplacer l’institution sacrée, étaient, plus que les philosophes, dans la réalité de la vie ; nous voyons aujourd’hui, par les ré-