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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/77

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dire pas été aperçu ; on n’avait été frappé que du symbolisme extérieur de son culte et des apparences dualistes que présente le mythe d’Ormuzd et d’Ahriman. Depuis lors on a vu que ce dernier personnage est loin d’être placé sur la même ligne que son rival ; que dans sa légende il n’est présenté ni comme éternel, ni même comme immortel, et qu’il est destiné à disparaître un jour. Quant à Ormuzd (Ahura-mazda,) la science ne le considère plus uniquement sous la forme personnelle que la légende et le culte lui ont donnée : l’étude des textes zends a prouvé qu’il répond à une conception métaphysique beaucoup plus abstraite, celle de l’Être absolu et universel, tel qu’il se trouve dans tous les systèmes panthéistiques de l’Orient. Ce n’est point par le fond métaphysique des doctrines que le mazdéisme s’est trouvé en lutte avec le brâhmanisme, mais par les symboles, partie des religions plus accessible au peuple, par les cultes, qui naissent des symboles et s’y accommodent, et par la forme particulière qu’un culte donne toujours à une civilisation.

Quant à l’origine de la race et de la religion médo-perses, la science européenne se trouvait en face d’une grande hypothèse. L’introduction dans l’empire romain de cultes persans, comme celui de Mithra[1], semblait

  1. Mithra (en sanscrit : Mitra) est une forme du soleil. Cette forme répond principalement à l’équinoxe du printemps. La figure, adoptée dans l’empire romain, de Mithra tuant le taureau, indique qu’à l’époque où ce symbole fut créé, l’équinoxe avait lieu quand le soleil était dans la constellation de ce nom. On pourrait donc calculer approximativement cette époque au moyen de la précession des équinoxes en raison de 50 secondes par année. On obtiendrait le chiffre de 4200 environ, qui reporte à 2300 ans avant J.-C., date fort acceptable. Mais ce fut la valeur morale du culte de Mithra, considéré comme médiateur et sauveur, qui contribua le plus à le répandre dans l’empire. Quant à l’inscription nama sabasio, qui accompagne quelquefois les bas-reliefs de Mithra, elle ne semble pas grecque ; namas veut dire honneur, adoration ; c’est un mot qui se trouve en tête de la plupart des livres de l’Orient ; la formule signifierait ainsi : adoration à Sabasios.