Aller au contenu

Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on y accomplit. Mais s’il lisait les livres où les dogmes sont énoncés ou interprétés, il verrait se dégager de ces apparences un symbolisme qui lui rendrait ces cultes intelligibles et, par delà ce symbolisme, les doctrines fondamentales de la spiritualité de l’âme, de la trinité et de l’incarnation. Il en est de même dans l’Inde : ni le culte de Civa-Mahâdéva et de Pârvati, ni celui de Krishna, ni à plus forte raison celui de Vishnou, ni les figures souvent bizarres répandues dans les lieux sacrés, ne constituent une idolâtrie, car tous ces cultes divers, venus les uns après les autres et coexistant sans se nuire, ne font qu’exprimer au dehors une doctrine qui au dedans est spiritualiste, et dont l’unité panthéistique de Dieu forme l’essence. C’est ce que montre la lecture de presque tous les ouvrages sanscrits, non seulement celle des traités de théologie, mais aussi celle des poèmes où la philosophie sacrée occupe souvent une place importante.

Nous ne voulons pas dire qu’il n’y ait dans l’Orient aucune idolâtrie : les cérémonies de Jagannâtha viendraient nous contredire. Il y a partout de telles aberrations. Les statues de saints que l’on descend de leur place pour faire cesser ou tomber la pluie, les madones qui remuent les yeux, les sangs qui se liquéfient et les tisons qui écartent la foudre, qu’est-ce autre chose que les objets d’un culte idolâtre, entretenu par une pieuse cupidité ?

Quand se manifesta, au vie siècle avant Jésus-Christ, la réforme bouddhique préparée depuis longtemps, les influences du dehors ne s’étaient exercées sur les religions brâhmaniques que dans des proportions insignifiantes et tout au plus par l’introduction de quelques légendes plutôt poétiques que sacrées comme celle du déluge. Encore cette dernière se trouvant dans les textes accadiens est-elle peut-être d’origine aryenne. Le