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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/612

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APPENDICE. — N° VIII.

proportionnelle à la hauteur totale du corps, qui dans cette supposition serait celui d’un géant. Quand on songe qu’il s’agit ici de décrire les perfections d’un être qui sera ou’un Buddha, ou un monarque souverain des quatre continents fabuleux, ii est moins surprenant qu’on lui ait attribué une taille plus qu’humaine. On remarquera de plus, que lorsque une statue du Buddha Çâkyamuni, soit assis, soit couché, se trouve dans un temple ou un vihâra de Ceylan, entourée de scènes représentant les actions de sa vie mortelle, scènes ordinairement figurées sur les murs de ces temples, cette statue est toujours d’une grandeur démesurée, et généralement du double ou du triple au moins de la hauteur des autres personnages.

Lc24, L14, M12, D13 ékêkalômô. Ce caractère signifie : « Ses poils naissent un à un, » ainsi que l’ont bien rendu les interprètes tibétains. Les leçons du Vocabulaire pentaglotte et de la liste népâlaise, qui ajoutent ici l’idée de la direction des poils, de cette manière, « ses poils naissent un à un et sont tournés à droite, » réunissent ensemble deux caractères qui dans le Lalita vistara et dans les listes singhalaises sont nettement séparés, ainsi qu’on va le voir immédiatement. Ces dernières listes donnent, pour plus de clarté, cette courte glose : êkékâni lômâni lômakûpêsu djâtâni, et na lômakûpêsu dvê adjâyim̃su, « les poils naissent un à un dans ses pores, » et « dans ses pores il ne naît jamais deux poils à la fois. » Voilà un caractère en apparence peu significatif ; mais on en comprendra mieux la valeur, si l’on pense qu’il s’agit ici d’un homme né sous le climat de l’Inde, où la chaleur stimule énergiquement l’action des tissus placés à la surface du corps, et peut donner lieu au développement exagéré des poils.


22. Ûrdhâgrâbhipradakchiṇâvartarômâ ; V23 ûrdhâg̃garôma ; H10 ûrdhvâg̃­garômatâ ; Lc10, L15, M13, D14 uddhaggalômô. Ce caractère signifie : « Ses poils sont tournés vers la droite à leur extrémité supérieure. » La version tibétaine a donné à M. Foucaux la traduction suivante : « Les poils de ses membres supérieurs sont tournés de droite en haut. » Il me semble que cette interprétation est peu exacte ; du moins elle n’est pas justifiée par les leçons des autres listes. Celle du Vocabulaire pentaglotte et des Népâlais peut sans doute se traduire, « il a des poils à la partie supérieure du corps ; » mais quand on pense à la facilité avec laquelle peuvent se confondre nga (g̃ga) et gga, il est à peine permis de douter que la vraie leçon soit agra, en pâli agga, et non agga. Or, de cette leçon résultera cette version exacte : « ses poils ont la pointe en haut, » ou « ses poils sont dressés. » Le Mahâpadhâna sutta développe ainsi ce caractère : uddhûggâni lômâni djâtâni nîlâni añdjanavaṇṇâni kundalavattani padakkhiṇavattâṇi djâtâni ; le Lakkhaṇa sutta et le Dharma pradîpikâ ont à peu près la même formule, sauf quelques modifications, dont la plus importante est l’omission de kuṇḍatavattâni. Cette formule signifie : « Ses poils, une fois nés, ont la pointe dressée, sont noirs, de la couleur du collyre, tournés en forme d’anneau, se dirigeant vers la droite. » On voit que la description des Buddhistes du Sud, en ce qui touche aux lômans, est identique avec celle du Lalita vistara, placée sous le no 2 de