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Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/91

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« Monsieur, n’oubliez pas les pauvres à ce jour,
» N’oubliez pas non plus mon cœur navré d’amour. »
J’étois debout craintif d’une chose si rare,
Et l’écoutant mon sens éperdûment s’égare.
À mon tour je soupire et lui dis ces propos,
Qui comprenoient en soi tels ou semblables mots :
« Donc, madame, acceptez mes amoureux services,
» Vous jugerez mes feux, comptant mes sacrifices. »
« Oui, dit-elle tout bas, aimez parfaitement
» Et bientôt jouirez d’un grand contentement. »
Si être potentat de la puissante Asie,
Si boire du nectar, manger de l’ambroisie,
Sont un extrême bien pour les rois et les dieux,
Ce oui, que j’entendis, me fit plus heureux qu’eux.




GEORGETTE DE MONTENAY.


Mademoiselle Georgette de Montenay était encore jeune lorsque son père, sa mère et six domestiques de leur maison moururent de la peste. Elle eut le bonheur d’en réchapper. Jeanne d’Albret, reine de Navarre, la prit à son service en qualité de fille d’honneur. La lecture des emblèmes d’Alciat donna à cette demoiselle l’idée de composer cent emblèmes ou devises sur des sujets chrétiens ou moraux, expliqués par huitains, qu’elle dédia à Jeanne d’Albret et qui furent imprimés à Paris en 1571. Une autre édition, portant le titre d’Emblemata christiana, a été imprimée à Francfort-