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Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/124

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lant, est appelé d’un groupe à l’autre ; tous accroupis, huit autour de lui, ils regardent comment l’eau d’un seau qu’on a versé dans un trou du terrain s’y infiltre lentement.

Ils observent tous attentivement, c’est une variante de la « vision dans le cristal » ou le « marc de café ».

L’almanach à la main et demandant leurs noms, l’astrologue donne aux paysans, d’un ton simple et paisible, des explications sur ce qu’on aperçoit. Tous attentifs ! L’un des paysans, plus âgé, l’air particulièrement intéressé, fait des commentaires éclairés. On voit qu’il a parfaitement compris ce système et reconnaît et souligne les différents points importants. Absolument convaincu, c’est le type du laïque prosélyte enthousiaste qui fait la force d’une institution et d’un prophète occultes.

Je me tiens un peu à l’écart sans avoir trop l’air de les écouter ou de les observer afin de ne pas rompre le charme. J’ai constaté que ma seule présence dans une réunion spirite empêche les tables de tourner allègrement et je ne voudrais pas désobliger ces pauvres gens en jetant un froid analogue qui congèlerait les révélations et les présages en cours de route. Du reste, le vent est toujours à l’optimisme, j’entends le magicien qui répète « Atcha », « Bon ! ».

Que de jolies choses à observer ce matin sur ce terrain où de différents côtés on « s’affaire » naturellement et doucement. Les oiseaux aussi me paraissent particulièrement gentils et familiers. Voici, posé au bord du champ, le joli « mangeur d’abeilles » tout vert émeraude (Merops viridis), qui se transforme en un petit nuage bronzé au moment où il s’envole, et un peu plus loin, posé sur un piquet, à quelques mètres, plein de confiance et d’intérêt, semble-t-il, pour ma personne, un bel oiseau noir, un peu comme un merle, mais plus mince, plus long, plus élancé, plus noir encore,