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Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/54

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lignes de sa déclaration expliquant sa retraite du Congrès :

« C’est ma conviction certaine que si les classes dites supérieures consentent seulement à s’identifier avec les classes dites inférieures et à leur prêter l’appui de leur intelligence et de leurs capacités, l’Inde peut devenir un pays où couleraient le lait et le miel, et peut réaliser son indépendance économique sans une guerre mortelle avec le gouvernement ou avec les capitalistes. L’indépendance politique suivra tout naturellement, sans l’intervention de la désobéissance civile. »

C’est absolument juste. Tout ce qu’on peut faire pour aider à la réalisation d’un pareil programme doit être fait énergiquement. C’est une profonde satisfaction de se trouver au moment où Gandhi écrit ces paroles, en route pour rencontrer les paysans sur le champ de travail offert par leurs villages, et, anticipant sur la dernière phrase, de vivre dans cette saine atmosphère où il n’y a proprement plus ni Hindous, ni Anglais, mais des gens de bonne volonté mis en rapport avec les fonctionnaires du Gouvernement qui n’apparaît plus comme « étranger ».

…Les gens qui passent sur la route mettent à nous regarder travailler (sans rien faire eux-mêmes) plus de discrétion que ce n’était le cas dans la plupart des localités de l’Europe où le « Service » s’est mis en action. Et cette discrétion se maintient malgré l’étrangeté de voir ces grands Européens courir avec paniers ou civière.

Un passant dit, en nous voyant, une courte phrase en hindi que P. me traduit : « Earning Virtues ». « Ils font provision de bonnes œuvres » (pour s’assurer une bonne place dans la vie future). Singulière notion ! Ils n’ont pas la moindre idée qu’on puisse être au paradis dès cette vie même, les pieds dans la boue mais le cœur content, dans un service plein de belles promesses pour tout le monde.