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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/10

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et en aval, la vallée du Doubs, que le caprice de la nature a dessinée, sillon formidable sur les bords duquel se dressent des murailles de roches d’une hauteur qui donne parfois le vertige.

— C’est ici que se trouvent les Echelles, dit l’homme. Car voilà les branchés d’arbre que j’ai cassées hier pour m’aider à reconnaître le lieu. À la guerre comme à la guerre. Je passe le premier. Vous, Françoise, vous resterez là pendant que je descendrai avec madame ; dès que nous serons en bas, je remonterai vous chercher. N’ayez aucune crainte : l’échelle est solide. En route !

Ces derniers mots prononcés, il lit quelques pas à droite, dans un sentier qui courait à travers les broussailles. Celle qu’il avait appelée « madame » le suivait.

— Ici, dit-il encore. Je tiens le sommet de l’échelle. Attention.

Et, lentement, gêné par l’enfant qu’il avait dans les bras, il enjamba les premiers échelons. La jeune femme, dont la vaillance était mise à une rude épreuve, n’hésita cependant pas un instant. Et, petit à petit, avec toutes les précautions que commandait la périlleuse descente, ils atteignirent le bas de la première