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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/171

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lit de la rivière montrent leurs têtes, ou noires ou luisantes, et le battement du flot est si faible, si languissant qu’il semble que la source va bientôt tarir.

Il règne une chaleur ardente que tempèrent les ombrages du bord, à l’orée des bois et sous les vieilles futaies. Un vent léger caresse les fronts, un vent très doux qui paraît s’élever du sein de l’onde verte, presque limpide, du clapotis des vaguelettes qui courent les unes après les autres. Mais le grand soleil de juillet met son éclat étincelant sur toutes les choses créées. Aussi loin qu’embrasse le regard, une lumière aveuglante se glisse sur les cimes brillantes des hêtres et sur les feuilles rondes des noisetiers, coule sur les arêtes de rochers et s’en va attiédir l’eau qui invite aux bains voluptueux.

Il y a de la joie et du soleil sur les bords du Doubs. De Biaufond à Goumois, la population se rend au Bief d’Etoz, où une chapelle est consacrée à la Notre-Dame du même nom. Chaque famille qui tient à faire preuve de ses sentiments religieux, y envoie au moins l’un de ses membres, quelquefois plusieurs, selon les circonstances. Jeunes gars et jeunes filles n’ont aucun scrupule de se mettre de la par-