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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/220

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secret. Mais jure-moi, auparavant, que tu me resteras fidèle.

La jeune fille ne saisit pas bien la portée de ces mots. Elle promit à celui qu’elle envisageait comme son frère de l’aimer toujours.

— Tu as cru, reprit-il, jusqu’à maintenant, que tu étais ma sœur. Ce n’est pas vrai, tu te trompais.

Yvonnette se leva, comme mue par un ressort. Elle était toute palpitante.

— Que dis-tu ?

— Ce qui est : la vérité.

— Il dit la vérité ! 0 mon Dieu ! Que t’ai-je fait, pour te moquer ainsi de moi ?

— Je ne me moque pas de toi, aussi sûr que j’existe.

— Alors, toi, tu n’es pas mon frère, ta mère n’est pas ma mère et ton père n’est pas mon père  ?

— C’est comme tu le dis.

Elle eut peine à retenir un soupir, plutôt de soulagement que de tristesse. Et, cependant, elle avait un si bon cœur qu’elle regretta aussitôt ce premier mouvement. La famille Gaudat ? Mais, c’est elle qui avait élevé la petite Yvonnette !

— D’où sais-tu cela ? interrogea-t-elle.