Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 227 —

mon crime était de ceux que l’on ose avouer, on n’avait aùcune preuve contre moi. Et le fait d’être conduit, menotté, par les agents de la force publique ne m’épouvantait pas non plus. Loin de là. Une fois que nous fûmes sur une vraie route, où le pied était plus sûr, oubliant volontairement ma propre infortune, je nouai conversation avec les douaniers. Tout d’un coup, celui qui paraissait être le chef me dit :

— Voyez-vous, jeune homme, il ne faut jamais avoir trop de confiance. Il y a là, sur le Doubs, un garçon qui vous en veut à mort. C’est par lui que nous avons été informés de votre passage.

Se repentait-il déjà de m’avoir ainsi expliqué « mon arrestation » ? Je ne sais, mais toujours est-il que j’eus beau l’interroger encore, ce fut peine inutile, il ne répondit plus à mes questions.

Cet aveu, pourtant, justifiait mes soupçons. J’avais, en effet, l’idée que nous venions d’être trahis par l’un des Gaudat, par le jeune, j’en mettrais ma main au feu. Je vous dirai, dans quelques instants, mon intention vis-à-vis de cette famille.

À ce moment, j’avais déjà un autre projet en tête. Que me faisait, au fond, d’avoir été