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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/247

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loppé dans le châle blanc que son grand ami lui avait donné. Elle était radieusement belle, avec son allure d’apparition, le visage tout éclairé par la lumière de la lampe posée sur la table. Ses cheveux dénoués lui faisaient une auréole de leur opulence blonde et se répandaient ensuite sur ses épaules et sur sa taille, aux contours déjà plus fermement dessinés. On voyait errer, dans ses yeux et sur ses lèvres, le vague sourire de la femme qui aime et se sait aimée. Elle avait entendu le bruit de l’arrivée, et, soupçonnant la présence de Maurice, elle avait descendu l’escalier, sans songer à mal, et s’était arrêtée derrière la porte, d’où elle avait compris, palpitante, souvent épouvantée, les paroles enfiévrées de celle qui n’était plus sa mère. Pressentant qu’un mot de sa part dénouerait peut-être la situation, qu’en tout cas elle amènerait Maurice à des sentiments de clémence, elle était entrée et avait aussi dit :

— Pitié ! Maurice, pitié pour ces malheureux !

Mais Maurice semblait ne pas voir Yvonnette. Il avait là, sous la main, le meurtrier de son père, l’auteur de toute leur infortune. Que de fois, en ses rêveries désolantes, s’é-