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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/249

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du passé, le souvenir de toutes les amertumes, de la désespérance de sa mère, de l’angoisse terrible qu’a dû souffrir son père et, lentement, ainsi que le Juge de la dernière heure, il laissa tomber ces mots :

— Oui, pitié ! Il est plus léger à l’homme de pardonner que de se venger. Mais si, demain, vous n’avez pas quitté ces lieux, la justice humaine s’accomplira.

Mes amis, venez ! Nous n’avons plus rien à faire ici.

Quelques minutes après, Maurice et les contrebandiers sortaient de la maison, emmenant Yvonnette, qui n’avait pris avec elle que le portrait de la comtesse de Laroche, la mère de celui qu’elle allait aimer toute sa vie.


Le lendemain, Jean et Ali Gaudat avaient disparu. S’étaient-ils réellement éloignés de la contrée ou bien avaient-ils trouvé la mort dans le Doubs ? On ne l’a jamais su. Toutefois, au matin, la rivière avait fait son œuvre de destruction : l’auberge avait été emportée pendant la nuit, et la vieille Catherine, irrémédiablement folle, errait toute seule au pied des rochers où jadis Yvonnette cueillait des fleurs sauvages, sous les rayons du soleil. La