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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/32

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I


On était au commencement du mois de juillet 1816. Dans une toute petite maison du plateau des Franches-Montagnes, entre le village des Bois et celui de La Ferrière, et à une faible distance du chemin qui reliait ces deux localités, il se passait, à cette date, une scène d’une tristesse infinie. Une mère mourait ; avant de quitter cette terre, elle adressait à son fils ses recommandations suprêmes.

Déjà le territoire de l’ancien Évêché de Bale avait été incorporé au canton de Berne par le Congrès de Vienne. Les habitants de cette contrée, bien que la plupart eussent été sincèrement attachés à la France, semblaient cependant respirer plus à l’aise. Le colosse napoléonien, en tombant, les avait délivrés de tout son poids de géant ; les jeunes gens surtout s’estimaient heureux d’être affranchis de la conscription militaire, de l’obligation d’aller, à la suite de la grande armée, blanchir les routes de l’Europe de leurs ossements à peine formés.

Plusieurs s’y étaient déjà refusés, du moins les derniers temps ; des bandes de réfractaires