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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/43

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solides, la main alerte et le visage ouvert. Depuis plus de cinq ans, il contribuait pour sa part à l’entretien du ménage, la comtesse ayant eu le bon sens de le mettre en apprentissage chez un très habile horloger de La Ferrière, où il s’était rendu pendant près de quatre années, tous les matins été comme hiver, ne voulant pas quitter celle à qui il devait le jour. C’était également un brave caractère, foncièrement honnête, haïssant le mal et détestant les hypocrites. Il aimait les aventures, les histoires que lui racontaient les soldats de Napoléon : s’il eût été seul au monde, il se fût aussitôt enrôlé sous les drapeaux, à la suite de plusieurs jeunes gens du pays, qui occupèrent des postes plus ou moins élevés dans les armées du premier empire. Mais, fils de veuve, unique soutien de sa mère, qui vieillissait, il échappa à la conscription et surtout aux dernières levées en masse, alors que, refoulé par les alliés malgré ses glorieuses victoires, l’empereur appelait toutes les forces vives de la nation, tout homme en état de porter les armes, à la défense du territoire envahi. Oui, certes, il eût-été heureux de partir, content de voler au secours de la patrie menacée ; dans ses veines coulait un vrai