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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/53

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son masque de morte. Pendant vingt ans et plus, il l’avait toujours vue à ses côtés, le soignant quand il était malade, l’encourageant lorsqu’il accomplissait son devoir. Ah ! lui-même aussi avait chéri saintement la noble femme ! Toutes ses actions n’avaient eu pour cause et pour but que le plaisir, la joie et le contentement de celle qui n’était plus. N’avait-elle pas été pour lui toute la famille ? À cette heure il se rappelait les conseils qu’elle lui avait donnés, les moments heureux qu’ils avaient vécus l’un près de l’autre. Quelle chose désolante que notre passage sur cette terre ! Nous n’avons, à part les quelques instants de bonheur qu’un destin favorable nous mesure, qu’à jeter des fleurs sur les tombes des personnes que nous pleurons.

Et il pleura, Maurice, de même que la vieille Françoise, quand le cercueil renfermant la dépouille mortelle de la comtesse de Laroche s’achemina lentement vers le champ du repos. Toute la population des environs suivit le convoi : on avait une si profonde affection pour la dame vêtue de noir qui, bien que pauvre aussi, trouvait cependant le moyen de soulager de nombreuses misères. Et lorsque, aux paroles liturgiques : Rappelle-toi, ô