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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/59

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— Le sais-je moi-même ? Je reviendrai à coup sûr dans ce village, où j’ai été élevé et où repose ma mère. Si je ne suis pas riche, je n’ai pas non plus à craindre la misère. Sans parler de cette maison, qui est la mienne, je possède encore mes deux bras et quelque talent comme horloger.

— Sans doute ! Sans doute ! Tout cela est vrai, je le reconnais. Mais, est-ce bien dans ton caractère, de passer ainsi tous les jours de ta vie ?

— Eh ! monsieur Viennot, quand la destinée vous force de prendre telle ou telle carrière, on n’a pas l’embarras du choix. On marche, parce qu’il faut marcher, voilà tout.

— Tu es un jeune homme de mâle énergie, et ça me plaît. À mon tour, je veux jouer cartes sur table et t’expliquer enfin le but de ma visite.

Nous venons de traverser une période très agitée qui, je le présume, touche à sa fin. Notre pays, celui que nous habitons, entendons-nous, est déjà incorporé à la Suisse. Ce n’est pas un mal. À la longue, avec ses guerres et ses levées d’hommes, Napoléon avait mis contre lui à peu près tout le monde. C’en est fini avec Bonaparte. La paix ne sera plus