Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 75 —

d’autres, comme avec tous les autres. Adieu, monsieur !

— Mais, mademoiselle Yvonnette, si vous le permettez, je vous accompagnerai. Il faut que je traverse la rivière.

— Mon frère vous passera avec la barque, s’il est là ; autrement, ce sera la mère. Moi, on ne me laisse pas aller sur l’eau.

— Vous êtes si jeune ! Et un accident est si vite arrivé !

— Et puis après ? fit-elle d’un accent presque dur. Si le Doubs m’emportait, on ne me regretterait peut-être même pas. Ce n’est pas une existence, la mienne.

Maurice fut frappé de l’amertume que contenait cette dernière observation.

— À votre âge, dit-il, on ne doit pas songer à la mort. Vous verrez, vous aurez encore de beaux jours.

— Si c’était vrai ! Ah ! je vous bénirais, vous, et je vous aimerais bien. N’est-ce pas, il n’est pas défendu d’aimer ceux qui nous aiment ?

— Non ! non ! Mais, en connaissez-vous qui aient pour vous beaucoup d’affection, — hormis vos parents ?

— Je vous en prie, ne parlons pas d’eux.