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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/106

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LE FORGERON DE THALHEIM

voici la guerre, l’affreuse guerre ; il avait failli y laisser la vie, dans un combat acharné. S’animant tout à coup, il se mit à peindre à grands traits deux ou trois champs de bataille, les incertitudes des pauvres enfants de la France et les tressaillements douloureux de la patrie.

Tout naturellement, Robert s’était de nouveau abandonné à ses pensées attristantes. Comme une ombre recouvrit tous les visages un instant auparavant encore si gais, car le forgeron venait de s’exprimer à voix haute, l’un des ouvriers l’ayant prié de dire quelques mots sur ce sujet qui les intéressait grandement. Tout ce monde qui l’écoutait n’avait pas vécu la vie du fils de la veuve ; néanmoins, lorsque Robert prononçait les noms aimés de patrie, de France et d’Alsace, des douleurs, fugitives comme des éclairs, faisaient frissonner leur âme patriotique.

— Changeons de conversation ! dit tout à coup Joseph Teppen, ce malin qui jetait de l’eau froide sur les garçons de la trempe de Robert Feller.

— Oui, c’est cela, fit la mère du forgeron. Allez-vous voir la fête, Suzanne ?