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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/111

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le forgeron de thalheim

d’un parent ou d’un ami. La honte de la défaite mêlée au plaisir du peuple vaincu. Et les inquiétudes de l’avenir !

Teppen et sa suite pénétrèrent enfin dans l’auberge de Gaspard. Tonder où ils eurent vraiment peine à trouver quelque place. Ils réussirent, toutefois, à se caser dans une petite chambre, à côté de la grande salle, et dont la fenêtre s’ouvrait sur le verger. On dansait ici, sur un plancher battant neuf, construit à cet effet, aux sons d’un orchestre villageois. Par orchestre nous entendons l’accouplement d’un violon, d’une clarinette et d’un cornet à piston ; les éclats de ce dernier, en certains passages, écrasaient les trilles légères du violon ; mais la clarinette criarde voguait presque toujours dans les tons élevés d’une gamme légèrement douteuse. Néanmoins, le talent y était, et ma foi ! il n’en faut pas tant pour faire « danser filles et garçons. »

Joseph Teppen, dont la mauvaise humeur était visible, surveillait Robert d’un œil et de l’autre Suzanne, tandis qu’il prêtait une oreille encore attentive aux exclamations de sa moitié et de la veuve Feller qui s’extasiaient à propos de tout, les bonnes âmes, et aimaient