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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/129

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le forgeron de thalheim

lève la jeune fille, que Robert ne s’en console jamais. C’est une nature d’élite, qui souffre de ses désillusions et qui n’aimera qu’une fois dans sa vie. Pour tout le bien que sa famille nous a toujours témoigné, je voudrais pouvoir contribuer à son bonheur.

— Que t’a-t-il dit ?

— Qui ? Robert ?

— Oui !

— Il m’a demandé si j’avais connaissance des bruits qui courent le village : que le forestier est souvent avec Joseph Teppen, enfin, ce que les langues inventent quand elles ne savent plus rien de vrai ou de faux. Il pleurait en me racontant cela, des bêtises peut-être ! Ah ! c’est fort, de voir un jeune homme comme Robert verser des larmes ! Pourvu qu’il ne se laisse pas entraîner par la haine qu’il éprouve contre son rival !

— Il est trop honnête pour cela !

— Honnête ! honnête ! C’est vite dit, ce mot. Ma fille, il est certaines choses qui aveuglent les hommes, même les meilleurs. Il faudrait, par exemple, qu’on vînt te voler à moi, toi, l’unique enfant qui me reste, la joie de mes vieux jours ! Ah ! vrai, je tuerais l’infâme qui oserait me faire cet affront.