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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/135

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le forgeron de thalheim

en amoureux qu’il était, il cherchait à amener une rencontre fortuite, une entrevue décisive avant de prendre aucune résolution. Il connaissait encore si peu les sentiments de Suzanne, son caractère ! Résisterait-elle à son père si celui-ci s’avisait de lui parler d’Otto Stramm ou de tout autre jeune homme ? Une seule fois elle lui avait dit, à lui Robert, combien’elle l’aimait ! Et c’était tout !…

Le forgeron revenait donc de la forêt où il s’était rendu, comme nous le savons par l’entretien de Georgette avec son père, pour causer avec son vieil ami Jean Schweizerl. C’était encore une consolation de pouvoir parler de Suzanne et de ses rêves d’avenir, à quelqu’un qu’il honorait de sa confiance. Sa mère aussi partageait, à présent, ses douleurs et ses découragements, mais il n’osait trop la tourmenter : c’est pourquoi il avait songé au bûcheron de la Ravine.

Jugez de l’agréable surprise de Robert lorsque, en approchant de la tuilerie, il aperçut, non loin du sentier qui traversait le verger, près de l’étang, la fine silhouette de Suzanne se détachant nettement d’une longue traînée de linge qu’on avait mis sécher au soleil. À sa vue, il s’arrêta un instant, et, d’un regard