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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/195

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le forgeron de thalheim

sincère. Elle lui en avait donné maintes preuves. On n’oserait pas la conduire à l’autel si elle ne voulait pas y aller. Jamais elle ne renoncerait à son amour et, cependant, Joseph Teppen s’opiniâtrait, et le forestier ne manquait pas de séduction.

La veuve Käthel, ainsi que Robert, s’abandonnait aux conjectures les plus opposées. Depuis deux jours elle montait et descendait la gamme de l’espérance et du désespoir. Tous ses projets d’une douce vieillesse s’envolaient, revenaient et repartaient. Suzanne aimait Robert, elle l’avouait bravement. C’était beau cela, très beau, mais, conserverait-elle cette foi, cette énergie sans lesquelles on ne parvient jamais au but qu’on s’est proposé ?

Les deux forgerons, après le déjeuner, se remirent au travail sans échanger beaucoup de paroles, car Robert, dominé par la situation où il se débattait, n’était rien moins que disposé à causer, et Thomas, respectant la douleur qu’il lisait sur le visage de son maître, n’avait aucune envie de rompre ce silence lourd et singulièrement attristant.

Bien qu’il fût déjà près de dix heures, personne ne s’était encore présenté à la forge.