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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/227

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le forgeron de thalheim

chancela, pâle et défaite, et serait tombée tout de son long sur le plancher si sa mère ne s’était pas trouvée à ses côtés pour la recevoir dans ses bras.

— Robert, un assassin !

Le tuilier, lui, se frottait les mains, sans trop de chagrins. Désormais, Robert Feller ne pouvait plus devenir son gendre, et il n’était pas mécontent d’être débarrassé du forestier, car il n’avait pas pour ce dernier une affection bien réelle. Il l’avait accepté, parce qu’il n’en avait pas d’autre à sa disposition. Décidément, le hasard, pensait le père de Suzanne, philosophe à sa manière, joue un grand rôle dans la destinée des hommes.

Suzanne, accompagnée de sa mère, s’était retirée dans sa chambre. L’une et l’autre comprenaient toute la gravité du malheur qui les atteignait. Robert Feller était perdu pour Suzanne, et, malgré la terrible accusation portée contre lui, elle l’aimait, elle l’aimait tellement qu’elle ne voulait pas croire à la culpabilité de son ami. Mais la mère, qui avait plus d’expérience de la vie, n’avait pas cette confiance.

Lorsque Jean Schweizerl arriva à la tuilerie,