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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/242

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LE FORGERON DE THALHEIM

Après une nuit passée à réfléchir, Robert avait retrouvé comme par enchantement sa belle prestance. Sa haute taille n’était pas courbée par le remords, et ses yeux clairs avaient une expression si honnête que le magistrat ne put s’empêcher d’admirer le jeune homme.

— Oui, vraiment, un criminel endurci ! fit-il à part lui.

Ce matin-là, un journal local avait déjà publié sur l’événement un long article, à sensation. On en faisait une affaire capitale. Ce n’était pas, suivant l’auteur du fait divers, une question d’amour malheureux ou de jalousie. Il y avait une raison plus grave : la haine contre l’Allemand, le glorieux vainqueur. Robert était représenté sous les plus noires couleurs. Caractère violent, colère, méprisant le nouvel ordre de choses, la grande nation germanique, il était un sujet très dangereux ; il pouvait, au besoin, servir les basses vengeances que méditait l’ennemie, l’éternelle, qu’on ne nommait pas, en un mot : la France !

Le juge avait ordonné un second interrogatoire.

— Pourquoi refusez-vous ! donc des éclaircissements à la justice ?