Aller au contenu

Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

258
LE FORGERON DE THALHEIM

— Tu devrais chercher autre part. Il y a bien des jeunes filles honnêtes dont les parents seraient heureux de t’accepter comme gendre.

— Mère, il n’y a qu’une Suzanne au monde, et elle m’aime.

La conversation ne sortait pas de là. Aussi, fatiguée, comme on dit, de lutter contre des moulins à vent, la mère cessa tout à coup de toucher à ce sujet. Elle sentait — le cœur maternel a de ces intuitions-là — que cet amour durerait la vie de Robert et que son bonheur, son existence peut-être, dépendaient de ce profond sentiment que lui avait inspiré la belle enfant du tuilier Teppen.

Pour Suzanne, de même, les semaines et les mois se succédaient très monotones, et sans apporter aucun changement dans ses dispositions à l’égard de Robert. Elle résistait bravement aux flatteuses insinuations de son père. Un cœur de roc, pour cela, qui ne voulait pas reconnaître la sollicitude paternelle. Aussi comme il souhaitait tous les forgerons du monde, celui de Thalheim en particulier, à cent lieues sous terre, lorsqu’il s’apercevait que ses paroles n’avaient aucun succès, en tout cas, pas la moindre in-