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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/27

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le forgeron de thalheim

tilement, ma mère. Je suis comme hier, comme il y a huit jours, comme je serai longtemps encore : je n’oublie pas.

— Il faut se faire une raison, mon enfant. Ce qui est, est ! Nous n’en sommes pas responsables.

— Je l’admets. Mais, c’est un bonheur encore pour moi de rêver à l’avenir ; et, ce que je crois entrevoir, comparé à ce qui se passe maintenant, m’inspire une certaine joie mêlée d’une grande amertume.

La mère secoua la tête d’un air équivoque : ces paroles ne paraissaient pas la satisfaire.

Aussi reprit-elle :

— Je sais bien ce qu’il te faudrait. Une bonne petite femme, dévouée, intelligente, qui…

— C’est ton idée !

— Eh ! oui, c’est mon idée, et elle n’est pas si mauvaise, je pense. Tu auras bientôt vingt-huit ans ; ta position, Dieu merci ! n’est pas à dédaigner. Plus d’une jeune fille serait heureuse, à coup sûr, de mettre sa main dans la tienne.

À ces mots, une vive rougeur monta au front du brave garçon.