Aller au contenu

Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

284
LE FORGERON DE THALHEIM

qui semblait rajeuni, tant la joie qui brillait dans tous les yeux était contagieuse. Sans ce maudit étang, tu ne serais pas ici.

— C’est vrai, père, répliqua notre forgeron qui s’habituait déjà à sa nouvelle parenté. Aussi je marquerai d’un grand trait ce jour de ma vie, n’est-ce pas, ma Suzel ?

Et on causa, animés peu à peu par le précieux jus de la vigne qui croît là-bas, du côté de la France, car la mère Teppen ne se fit pas faute de courir une seconde fois au cellier. Le père bavardait comme à vingt ans. Il avait l’esprit un peu moqueur, mais sa femme riait de ses épigrammes qui passaient en n’effleurant que la peau. Il la trouvait belle encore, plus charmante que sa fille. Et il riait aussi de ce qu’il disait, des bêtises, et taquinait sa fille, sa chère Suzanne, dont les yeux bleus avaient des phosphorescences célestes. Quant au forgeron de Thalheim, il jouissait pleinement de tout ce qu’il voyait et entendait, et cela produisait sur ses sens l’effet d’un verjus capiteux. Comme c’était bon, la vie.

À la tombée de la nuit, Robert se leva pour partir, le cœur débordant d’une franche allégresse. Le jour du mariage n’était pas fixé ; mais c’était pour l’automne prochain, à la fin