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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/33

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le forgeron de thalheim

— Chez Jean Schweizerl ! Il s’y rend bien souvent ! A cause de Georgette ! murmurait Suzanne, avec une douleur au cœur, en regagnant la maison où elle trouva Otto Stramm, toujours en conversation avec son père.

— Mon Dieu ! si elle est belle ! se disait le forgeron, en suivant, comme malgré lui, le sentier qui aboutissait à la Ravine où était la modeste demeure du bûcheron. Et pas orgueilleuse du tout ! Elle me parle comme si j’étais aussi riche qu’elle. Comme ses yeux sont bleus ! Elle me regardait d’un air si confiant, si doux, qu’il me semblait que son âme enveloppait la mienne, lentement, et versait dans mon cœur, tout ému, des flots de lumière et d’espérance.

Espérer ? Quoi ? Elle ne peut et ne doit pas m’aimer. Fou que je suis ! Jamais son père n’approuverait cette grande sympathie. Ce trésor n’est pas pour moi. Le forgeron de Thalheim épouser la fille du tuilier Teppen ! Il ne faudrait pas que l’on connût le sujet constant de mes pensées ; on me ridiculiserait, et je ne le mérite que trop.

Serait-elle pour l’autre ? se dit-il tout à coup, à l’idée que le forestier ne verrait peut-être