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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/57

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le forgeron de thalheim

tier se fût senti froissé des opinions ouvertement manifestées par Robert, il le comprenait ; néanmoins, ce dernier avait bel et bien raison de blâmer la sentence qui renvoyait le gendarme innocent.

Les deux forgerons arrivèrent bientôt au logis où la mère les reçut avec son sourire habituel. C’était toujours une joie pour elle de voir son beau gars de fils dans un linge blanc comme neige et la taille serrée dans son veston de velours bleu. Et une vraie prestance de soldat ! La moustache fièrement relevée, les yeux clairs et la joue rose !

On dînait bien, cela va de soi, dans la maison de la veuve. Pour être simple, le repas n’en était pas moins appétissant. Et quelle propreté, à cette table de famille ! La nappe brillait, les services étaient luisants, le pain bis savoureux et le pot-au-feu digne d’un gros paysan du temps de Henri iv, le roi populaire pour qui Paris valait bien une messe, bonne ou mauvaise. La mère allait et venait, ne prenant pas le temps de s’asseoir, servait à point, avec plaisir, remplissant les verres du petit vin du pays, ce jour-là seulement.

Par la fenêtre entr’ouverte, on pouvait