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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/63

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le forgeron de thalheim

bois, où s’était passée son enfance. Elle ne connaissait que fort peu le monde, n’ayant eu que de rares occasions de le fréquenter, et, chaque fois qu’elle s’était montrée dans la société du village, son père se trouvait ordinairement à ses côtés.

Pour elle, le mal n’existait pas. Elle avait une confiance naïve aux hommes qu’elle voyait, son père et Robert. Elle ne se faisait aucune idée des dangers que courent les jeunes filles de son âge, et il est possible que si le forgeron lui eût dit : je t’aime, qu’elle eût aussitôt répondu par les mêmes mots. Cependant, elle n’éprouvait pour l’ami de son père qu’une bonne et franche amitié. Savait-elle même ce que c’était que l’amour ? Il est permis d’en douter.

Elle avait dix-huit ans et son cœur n’avait pas encore parlé. Il attendait aussi l’heure psychologique, cette heure néfaste pour plusieurs, bénie entre toutes pour quelques prédestinées au bonheur. Pour Georgette, cette minute allait devenir le signal d’un grand malheur. Elle ne le pressentait pas. D’ailleurs, comment lui en eût-il été possible ?

Parfois, elle avait cru rêver aussi à un avenir dont elle ne distinguait pas nettement