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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/66

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LE FORGERON DE THALHEIM

sein de cette haute végétation de la nature ; il se sentait fort et libre et pensait moult joyeusement à sa Georgette, belle et bonne, qui, le soir, à son retour, lui servirait une soupe toute fumante, épandant dans leur modeste logis son parfum de choux et de lard. Charbonnier aussi, il passait maintes nuits près de ses fourneaux, et, alors, si le ciel était sans nuages, il s’amusait, des heures durant, à regarder de sa cabane le firmament tout constellé d’étoiles d’or. A la fin, il s’assoupissait et ne se réveillait souvent qu’au cri des renards qui hantaient les excavations rocheuses des collines avoisinantes.

Le bûcheron Jean avait fait deux congés, dont l’un en Afrique, et il avait gardé, de ce temps déjà bien loin derrière lui, un profond amour pour la patrie. Il faut l’avoir dignement servie pour lui témoigner une sincère affection. Il était un de ces enfants des provinces de l’Est, dont le courage et le patriotisme ne sont plus à glorifier. Son cœur, comme celui du forgeron Robert Feller, appartenait toujours à la grande nation. Mais l’âge, les misères peut-être entrevues, en avait affaibli les chaudes pulsations. Il ne se