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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/92

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LE FORGERON DE THALHEIM

ayant, dès son jeune âge, appris à aimer la patrie et la liberté, il comprenait et partageait jusqu’à un certain point les colères du fils de la veuve, un des héros de Reichshofen. Souvent aussi, pendant les après-midi de ces belles journées de septembre, lorsque l’entretien du feu de la forge les condamnait à une minute de repos, Thomas priait Robert de lui raconter les combats auxquels il avait assisté. Le forgeron ne refusait pas de satisfaire la curiosité du jeune Suisse. C’étaient alors des paroles graves ou éloquentes, inspirées par la haine du despotisme et l’amour de la France, ou bien des explosions d’intraduisible mépris quand il abordait son passage du Rhin, comme prisonnier de guerre sous la surveillance des ennemis aux casques pointus. Puis, en se remettant à l’ouvrage, les marteaux frappaient plus joyeusement comme si, dans ces causeries, l’un et l’autre avaient puisé une force nouvelle.

Depuis prés de trois heures, la mère était partie pour la tuilerie Teppen. Dans quel but ? Il le supposait parbleu bien, mais il savait aussi que sa mère était très prudente et qu’elle n’irait pas, comme cela, révéler son amour longtemps contenu. Que le cœur de Suzanne