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la terre ancestrale

avait sur le dos, et encore, de grosse flanelle, puis nous revenir habillé comme un seigneur, poli, la parole en bouche comme un candidat qui fait des promesses électorales, et dans une voiture qui vaut la moitié d’une terre. Il y a là-dedans quelque chose que je ne puis pas comprendre.

— N’empêche, répliqua Jeanne, que son père se tue à l’ouvrage. S’il était riche comme il le dit et s’il avait un peu de cœur, il pourrait bien payer un serviteur au vieux. Un jeune homme qui laisse son vieux père s’échiner sur le bien, moi…

— Tout ça, ma fille, interrompit la mère, ce sont des idées de Jean Rioux ; à l’entendre, si un homme ne laboure pas la terre il est damné. La terre, je ne dis pas que ce ne soit pas beau, ni qu’on n’y vive pas bien, mais ce n’est pas avec elle qu’on peut acheter des automobiles.

Ça, c’est vrai, ma femme, il faut là-bas qu’ils ramassent l’argent comme des roches. Pourtant, il paraît que le jeune Hubert tire le diable par la queue, et même que souvent elle lui casse dans les mains. Si ce qu’on dit est vrai, ce ne serait pas surprenant : on répète qu’il boit comme un canard.

— Hein ? Tu me surprends, mon vieux. Lui qui ne prenait un coup qu’aux Fêtes et pour rendre une politesse Où as-tu appris cela ?