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la terre ancestrale

que ses parents demeurent à trois bons milles. Je ne sais trop, mais j’ai un pressentiment qu’il va apparaître. Après tout, je n’en serais pas fâchée ; j’aime toujours à voir des gens qui viennent de loin : ils ont tant de nouvelles à nous apprendre. Avec cela, le garçon est amusant, il a la langue bien pendue.

— Je crois plutôt qu’il ira chez monsieur Rioux pour leur donner des nouvelles.

— Ah, ah ! c’est Jean Rioux qui le mettrait dehors du bout du pied. Il ne peut pas le voir sans que le sang lui fasse un tour. Pourtant, c’est lui qui a trouvé de l’ouvrage à son garçon, à Québec.

— Oui, mais il lui a aussi conseillé de partir.

— Hubert n’était pas un enfant ; il ne l’a pas emmené de force.

— N’empêche, maman, que si Hubert n’avait pas rencontré Delphis, il ne serait pas parti ; la maison des voisins serait beaucoup plus joyeuse qu’elle ne l’est actuellement. Delphis leur a fait bien du mal ; c’est en voulant les aider, sans doute, mais le mal est là quand même.

— C’est bien malheureux pour les Rioux, ma fille, mais si Hubert parvenait aussi bien que l’autre, ce serait une chance. Il est vrai que Delphis est un débrouillard peu ordinaire. Parti d’ici sans le sou, le voilà qui, après quelques